Ostad Elahi
Ostad Elahi

Ostad ElahiBiographie

Quand ses connaissances augmentent, l’homme développe l’esprit de recherche.

La musique possède d’innombrables propriétés dont beaucoup n’ont pas encore été découvertes.
Ostad Elahi


Ostad Elahi naît le 11 septembre 1895, à Jeyhunabad, petit village kurde de l'ouest de l'Iran. Son père, Hadj Nemat, est un mystique au grand rayonnement qui relatera ses expériences spirituelles sous forme de longs poèmes.

Dans le milieu où Ostad grandit, la musique a sa place depuis des siècles dans les réunions de prière et le luth tanbur, instrument de prédilection de l’enfant, y est considéré comme sacré. Très vite, Ostad se révèle très doué pour la musique et Hadj Nemat met tout en oeuvre pour que l’aptitude de son fils s'épanouisse ; il lui fait rencontrer les meilleurs musiciens de l'époque qui, enthousiasmés par cet enfant prodige, lui transmettent leur répertoire. Ainsi, dès l’âge de neuf ans, Ostad est considéré comme un maître du tanbur. C'est à cet âge que, sous la direction attentive de son père, il commence un cycle de retraite et d'ascèses qui durera douze années. Il a l'habitude, pendant toute cette période, de jouer chaque nuit durant des heures. Le tanbur devient son compagnon et son confident.

Peu de temps après la disparition de son père, en 1920, Ostad Elahi quitte son village natal et s'installe à Téhéran. Son souci d'éprouver son éthique spirituelle en s'impliquant dans la vie sociale l'amène, quelques années plus tard, à s’inscrire à l'Ecole Nationale de la Magistrature. Il en ressort diplômé et entame dès lors une carrière de magistrat. 

Parallèlement à ses fonctions, il étudie auprès des plus grands maîtres, le radif et plusieurs instruments dont le târ, le setâr et le violon. De plus, ses mutations l'amènent à séjourner dans différentes provinces d'Iran où il rencontre les meilleurs musiciens et apprend d'eux leur tradition. C'est ainsi qu'en plus de la musique sacrée du tanbur et de la musique savante persane, il connaît la musique antique préislamique, les types mélodiques du tchogûr (sâz) azerbaïdjanais et les airs populaires du Kurdistan et du Khorâsân. 

En 1957, il prend sa retraite et se consacre alors à son art et à ses recherches spirituelles. Quelques temps plus tard, Mûsâ Ma'rufi, l'un des plus éminents maîtres de la musique persane classique, découvre la musique d'Ostad et raconte dans un long article le bouleversement intérieur qui en résulta. 

 

« ...J'ai personnellement entendu un homme d'une grande spiritualité, qui possédait à la perfection l'art du tanbur. En l’écoutant, je fus bouleversé à tel point que j'avais le sentiment de ne plus appartenir à ce monde. Chose étrange, pendant plusieurs jours, je restais enivré et ne prêtais plus attention à ce qui m'entourait. Ayant retrouvé mon état normal, je me dis : « Comme c'est étrange ! Si c'est cela la musique, alors, ce que nous entendons tous les jours, qu'est-ce donc ?... »

 

Son témoignage pique la curiosité des musicologues et des mélomanes. Ceux-ci cherchent alors à connaître ce maître étonnant qui souhaite rester dans l’anonymat. De nombreux artistes, dont quelques occidentaux tels Yehudi Menuhin et Maurice Béjart, se rendent auprès de lui. Ruhollâh Khâleqi († 1965), théoricien et compositeur réputé et directeur du Conservatoire National, le découvre en 1954. Craignant que cette musique ne disparaisse et désirant la rendre accessible au plus grand nombre, il engage un travail de transcription. Mais la complexité et la finesse du jeu d'Ostad Elahi rendent l'entreprise impossible et le projet est abandonné. Cependant, une petite partie de cette oeuvre singulière a été enregistrée. C'est grâce à ces enregistrements amateurs réalisés dans des conditions très rudimentaires qu'elle a pu commencer à être éditée à partir de 1995 et rendue publique. À ce jour, 15 CD et un livret CD ont été publiés par Le Chant du Monde/Harmonia Mundi.

Une biographie et des témoignages sur la vie d'Ostad Elahi sont accessibles sur cette vidéo.